Dimanche dernier, j’étais invitée à une table ronde sur la créativité

De toutes les définitions proposées, me reste en tête celle d’oser réveiller l’enfant et le poète qui sommeille en nous.

Il y a comme l’idée de mettre des vers dans le quotidien, de verser de la naïveté dans les jours et de teinter d’émerveillement les obligations.

Alors, comment faire ?
Comment quotidiennement, tenter d’inventer et de réinventer ?
Une chose est sûre : avant de chercher à réinventer le monde, cherchons à réinventer notre monde.
Aiguisons notre sensibilité, développons notre goût, notre odorat ; stimulons nos sens et notre curiosité, fabriquons, tâtonnons, échouons.

Cherchons surtout à bouger les lignes et à bouger les cadres ; à brusquer les habitudes et boxer les servitudes.

Descendre du métro deux stations plus haut et marcher dans une rue jamais empruntée auparavant, se perdre dans les méandres des liens hypertextes d’une encyclopédie numérique, passer la porte d’un lieu historique, suivre une conférence, un cours public, un séminaire ; et lire. Regarder l’obscurité tomber et se mettre pieds nus dans l’herbe, observer l’insecte posé sur sa jambe et se raconter l’histoire de cet avion qui dessine le ciel ; se demander encore quelle peut-être la vie de cet homme pressé qui traverse la rue et courir à travers la ville et à travers champs ; écouter la radio, écouter sa voisine ; tendre l’oreille aux bruits et aux murmures.

Il a aussi été question de recherche, de logique et d’intelligence artificielle.

Face au numérique, aux objets connectés, à l’arrivée des robots intelligents, la créativité et l’imagination resteront-elles des domaines de l’activité humaine ? Que deviendra-t-elle d’ailleurs, l’activité humaine, le jour où tous nos métiers seront remplacés par des robots ? Il a été dit qu’il nous restera simplement à penser. A philosopher, à nouer des relations sociales. Ce qui restera aux hommes sera les interactions humaines.

Soit.

Mais en attendant que les robots ne nous remplacent, nous travaillons. Et il faut nous former. Pour les jeunes il faut s’orienter. Il faut réussir à savoir ce qui anime, ce qui mobilise corps et âme. Et il faut parvenir à l’exprimer. A l’exprimer au travail bien sûr mais dans sa vie en général.

Alors, comment faire ?
Le projet de 4ème Cour est de fournir des outils parmi ceux du théâtre pour travailler à améliorer son expression orale, corporelle ; améliorer ses capacités professionnelles. Offrir aux jeunes un espace d’entraînement, un espace où s’éprouver et se mettre en danger en toute sécurité. Parler, communiquer, tisser des liens. Parvenir à formuler ses idées et à les faire passer, parvenir à convaincre ou à dissuader, parvenir à assumer qui l’on est face à l’autre ou un public.

C’est notre poésie, notre naïveté, notre émerveillement. 

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