Suite à notre questionnaire : « La place de l’expression orale dans la formation des étudiants en droit » …

Quelle place est la place de l’oral dans les études de droit ?

Merci d’avoir été si nombreux à répondre à ce questionnaire diffusé sur les réseaux sociaux au mois de Février.

Beaucoup de retours constructifs, d’idées et de réflexions qui nous ont permis de penser ces nouveaux projets, qui nous l’espérons, sauront encore mieux répondre à vos besoins.

 

Alors, qu’en dire et qu’en retenir ?

 

Certains disent ressentir en grand manque d’accompagnement, disent être « très stressés » à l’idée de s’exprimer devant un public car, par manque d’entrainement et par timidité, l’exercice impressionne voire paralyse.

D’autres, au contraire, disent se sentir parfaitement à l’aise et ne pas avoir nécessairement besoin de travailler leur expression à l’oral. Certains cherchent déjà à exprimer leur amour de la langue et des mots en participant à des concours d’éloquence notamment.

De manière générale, vous vous entendez tous pour dire que cela fait défaut dans votre formation :  l’oral vient après les écrits.

Les moments où l’on doit formuler sa pensée et un raisonnement à l’oral, face aux autres sont rares. Vous notez également que ces moments arrivent tardivement dans votre formation à la faculté.

Mais si l’on regarde de plus près un parcours scolaire dit classique, c’est-à-dire celui d’un jeune ayant été en maternelle-primaire-collège-lycée-général avant de poursuivre ses études supérieures : l’on ne peut pas dire qu’il y est été plus sollicité à exprimer sa pensée et à en débattre de façon construite et argumentée qu’à la faculté. L’on ne peut pas dire non plus qu’une place soit réellement faite à l’expression, quelle qu’elle soit, si ce n’est au détour d’un cours d’arts plastiques ou d’un TPE.

Le problème est que nous arrivons dans les études, voire sur le marché du travail sans avoir jamais été amenés à s’exprimer (dans le cadre scolaire entendons-nous).

L’école inculque du savoir. L’école apprend des choses.
Mais apprend-elle à apprendre ? Apprend-elle à chacun qui il est ?

Ce qui le définit, ses capacités, sa personnalité ? Et à l’exprimer ?

N’est-ce pourtant pas par ce biais-là que nous pouvons nous définir comme personne et comme sujet social ?
Et d’être donc en mesure d’aborder les questions d’orientation, d’avenir et d’insertion professionnelle avec confiance et désir ?

Pour en revenir à la place de l’oral dans le système scolaire, elle n’est pas inexistante ; elle est simplement insuffisante.

 

L’oral, dans l’école française, est là pour soutenir l’apprentissage de l’écrit, avec la lecture à voix haute ou la récitation de poésie par exemple.

C’est aussi à l’oral notamment que le professeur demande à l’élève s’il a bien compris la leçon :  rappelez-vous ce moment gênant où l’ensemble de la classe se tournait vers vous… Non seulement vous n’étiez pas forcément bien sûr d’avoir compris l’ensemble de la fameuse leçon mais qui plus est, vous deviez, probablement pour la seule fois du trimestre, parler à voix audible devant l’ensemble de vos camarades vous regardant, goguenards et sourire aux lèvres, rassurés que ce couperet tranchant et fatal ne leur soit pas tombé dessus.

Entrer dans la critique de l’Education Nationale est un sujet éminemment intéressant, long et épineux qui probablement n’a pas sa place ici.

Il est cependant nécessaire de rappeler aux étudiants qu’il est normal d’éprouver ces peurs et ces difficultés arrivés à vingt ans et à l’âge-dit-adulte quand on a passé plus de 15 ans de sa vie assis sur une chaise à écouter quelqu’un d’autre nous parler, nous sanctionner et nous interpeller. Qu’il est alors forcément compliqué arrivés à vingt ans et à l’âge-dit-adulte de savoir s’exprimer. Non seulement de savoir s’exprimer correctement mais de savoir s’exprimer tout court.

Ce pourquoi nous militons pour l’innovation dans la pédagogie, pour que l’éducation et la recherche soient au cœur des préoccupations publiques et politiques. Pour qu’enfin de vraies propositions nous soient faites.

Ce pourquoi nous militons pour que les jeunes fassent de l’art. Qu’ils fassent du théâtre.

Ce pourquoi, chers étudiants, ne vous désespérez pas des lacunes de vos formations. Celles-ci évolueront par le travail de merveilleux directeurs, chercheurs et pédagogues.

Mais aussi, parce qu’il n’appartient qu’à vous d’aller combler ces lacunes en dehors de l’université. Au travers d’activités, de la vie associative ; aux travers de rencontres et de nouvelles expériences.

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